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Le territoire du
Congo est caractérisé par une histoire faite des abus de la part des
acteurs gouvernementaux, ainsi que des révoltes armées. En son temps, le
royaume Kongo – entre autres - approvisionnait le trafic européen
d’esclaves avec quantité d’êtres humains. Le roi Léopold II de Belgique,
dans un soi-disant acte de magnanimité unilatérale, s’intéressa à ce
territoire. S’appuyant par la suite sur des travaux des explorateurs
européens, il créa l’Association Internationale Africaine dont il se
servit pour soutenir ses prétentions sur ce territoire de plus de 2
millions de kilomètres carré. La conférence de Berlin de 1884 à 1885
confirmait ses prétentions, sur fond de promesses humanitaires et
philanthropiques. Léopold II était ainsi gratifié d’une souveraineté
absolue dans le bassin du fleuve Congo, à condition qu’il réalise ses
promesses humanitaires et philanthropiques, mais aussi qu’il assure la
liberté de commerce dans le bassin du fleuve Congo aux Etats-parties.
Par la suite, les représentants de Léopold II établissaient l’EIC qui
devint une administration coloniale sanglante et impitoyable, soumettant
les populations aux travaux forcés, notamment pour la collecte du
caoutchouc, de l’ivoire et des autres matières premières, terrorisant et
mutilant ceux qui résistaient.
En Europe, Edmond Morel lançait une campagne de dénonciation des abus de
celui qu’on surnommait « le monarque philanthrope », qui en fait
légalisa le pillage en vue de s’enrichir aux dépens des congolais. Les
méthodes et pratiques implacables des officiers belges étaient émulées
par leurs subordonnés congolais au sein de la Force Publique. Cette
dernière fut à l’origine des nouvelles formes de violations des droits
de l’homme dans la région, à savoir : couper les mains, enlever et
abuser sexuellement les femmes et les enfants, des actes de cannibalisme
furent également perpétrés.
Le bilan humain de l’entreprise du Roi Léopold II n’est pas clairement
établi. Cependant, des historiens comme Isidor Ndaywel è Nziem et Adam
Hochschild avancent des chiffres qui convergent vers l’affirmation qu’au
moins 10 millions des personnes périrent durant le règne de Léopold II.
Une campagne internationale contre le régime de Léopold II au Congo
contribua à la reprise de l’EIC par la Belgique en 1908. Bien que les
pratiques prédatrices de l’administration léopoldienne diminuèrent en
intensité, elles ne furent pas abolies durant le Congo-Belge et la
situation des administrés (congolais) ne s’améliora point. Beaucoup
d’entre eux continuèrent à travailler dans des conditions avoisinant le
travail forcé et l’espérance de vie se réduisait à 40 ans.
L’administration belge restreignait l’éducation des congolais à la
religion, à la lecture et à l’écriture. Après près d’un demi-siècle
d’emprise sur le Congo, la colonisation belge ne produisit qu’une
poignée d’élites éduquées, surnommées « les évoluées », qui furent
également utilisées dans l’administration, à un niveau très embryonnaire
de responsabilité (Lumumba par exemple travaillait comme un agent de
services postaux). C’est cette poignée de personnes qui reprirent le
bâton du pouvoir à la décolonisation lorsque les belges se retirèrent
massivement après les premières élections.
En 1960, les premières élections créaient des nouveaux leaders, élus :
notamment le Président Kasa-Vubu et le Premier Ministre Patrice Lumumba.
Très vite, Mobutu Sese Seko détruisait ces perspectives de régime
démocratique, en perpétuant les pratiques coloniales d’exploitation
violente des ressources naturelles. Le régime chaotique et kleptocrate
de Mobutu prit fin après près trois décennies dans un contexte de
rupture de l’unité nationale dont il se servit pour justifier son coup
d’Etat.
En 2006, le processus électoral commençait par l’organisation d’un
referendum constitutionnel, suivi par des élections législatives et
présidentielles qui ont instauré un nouvel ordre politique, destiné à
restaurer l’Etat congolais. Les élections sont venues parfaire un
processus de partage de pouvoir politique et militaire qui étaient les
soubassements d’un processus constitué en vue de mettre un terme à ce
qui fut appelle « la seconde guerre » du Congo dont le bilan humain,
entre 1998-2007, oscille autour de 5,4 millions de morts.
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